Événements politiques
Grève de la faim à Schaerbeek
Du 22 mars au 1er avril 1974, des travailleurs maghrébins ont fait une grève de la faim dans l’église Saints-Jean-et-Nicolas à Schaerbeek pour demander le droit au travail et à la résidence. Des membres du Mouvement Français des Travailleurs Arabes, engagés dans la lutte contre le racisme, la défense des travailleurs immigrés et l’amélioration de leurs conditions de travail et de vie, ont formé le Groupement de Travailleurs Marocains. Dès leur arrivée à Bruxelles, ils ont mobilisé les travailleurs marocains et défié l’interdiction de manifester sur le parvis Saint- Jean-Baptiste à Molenbeek pour demander le droit au travail et protester contre la chasse aux prétendus immigrants illégaux. Suite à une intervention violente de la police, ils ont réaffirmé leur détermination à défendre les droits des travailleurs. Le vendredi 22 mars, trois autres travailleurs se sont joints au mouvement et ont entamé une grève de la faim dans l’église Saints-Jean-et-Nicolas pour demander des permis de travail et mobiliser contre les descentes de police, le travail illégal et les expulsions en cours. La tactique de la grève de la faim faisait partie d’un répertoire déjà utilisé en France par les travailleurs arabes. Le nombre de grévistes de la faim a augmenté jusqu’à ce qu’un incident avec la police de Schaerbeek suscite l’indignation publique. Malgré la formation d’un Comité de Soutien et une impressionnante liste d’organisations soutenant la grève, sur ordre du ministre de la Justice, la police a arrêté les douze grévistes de la faim le lundi 1er avril et les a renvoyés en avion charter au Maroc et en Tunisie. Le Comité a dénoncé l’inhumanité de cette décision et appelé à la formation d’un front, marquant l’absence d’organisations syndicales, qui sous-estimaient la situation de précarité des travailleurs arabes. Pour poursuivre la lutte, trois militants belges ont entamé une nouvelle grève de la faim à l’église du Béguinage. Deux importantes manifestations ont rassemblé des milliers de personnes dans les rues de Schaerbeek et d’Anderlecht. Enfin, le 1er août 1974, le Comité Ministériel de Coordination Économique et Sociale a décidé de mettre un terme à l’immigration des travailleurs non-UE et d’augmenter les investissements dans les forces de contrôle pour prévenir une nouvelle immigration incontrôlée. En conséquence, environ 7 470 travailleurs ont du être régularisés avant qu’un “arrêt de l’immigration” complet puisse être mis en œuvre.