Événements politiques
Justice Pour Ghanam
Le 23 juin 1973, une manifestation a démarré de la Place Gaucheret à Schaerbeek, Bruxelles. Le cortège a rapidement pris de l’ampleur, répondant aux slogans scandés à l’unisson : “Nous voulons la vérité sur la mort de Ghanam !” Plus tôt cette année-là, le 7 mai, vers 4h30 du matin, Mohamed Ghanam, un jeune Marocain âgé de 22 ans, a perdu la vie. Il était avec un ami sur le Boulevard Léopold III, la même rue où des portières de voitures avaient été forcées cette nuit-là, lorsqu’il a été touché par une balle tirée à distance par la police locale. Il est décédé en route vers l’hôpital. La mort de Ghanam a provoqué colère et indignation au sein de la communauté maghrébine à Bruxelles, qui se sentait de plus en plus menacée dans l’espace public. Un policier peut-il tuer quelqu’un parce qu’il le soupçonne de voler une voiture ? Est-il possible qu’un policier se sente menacé à 25 mètres de distance, en invoquant la légitime défense ? Pourquoi la presse veut-elle étouffer cette affaire ? Les gens se le demandaient. Le 15 mai, le Comité de Vérité Ghanam a été créé pour répondre au besoin de justice. Il a publié une lettre ouverte au bourgmestre de Schaerbeek, Roger Nols, dénonçant la brutalité́ croissante de la surveillance et du contrôle des travailleurs immigrés par la police de Schaerbeek et demandant des comptes au bourgmestre. Le besoin d’exprimer leur colère et leur rage a grandi et culminé dans ce qui allait devenir la première mobilisation dénonçant le racisme prédominant, menée par la communauté maghrébine à Bruxelles. Les discours ont rappelé les conditions de vie difficiles, les agressions quotidiennes et la nécessité de s’unir pour mettre fin aux intimidations croissantes. C’était une mobilisation sans précédent, à laquelle les syndicats et les structures traditionnelles anti-racistes étaient largement absents, montrant pour la première fois la combativité de la communauté maghrébine à Bruxelles.