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Travailleur arabe

Contrairement à la France où les syndicats soupçonnaient les travailleurs arabes organisés de diviser la classe ouvrière, en Belgique, les deux grands syndicats, le syndicat socialiste et le syndicat chrétien, ont investi dans la création d’espaces catégoriels intégrés. Du côté de la Confédération des Syndicats Chrétiens (ACV-CSC), une section arabe a été créée en juin 1970 sous la direction de quelques syndicalistes marocains. Une École de l’Unité Arabe et différentes Maisons Arabes de Culture Ouvrière (MACO) ont été mises en place en 1973 dans plusieurs villes de Belgique. Différents militants maghrébins se sont réunis pour élaborer de nouvelles actions défendant leur droit au travail, en solidarité avec tous les opprimés, en commençant par le peuple arabe et plus particulièrement le peuple palestinien. El Amil El Arabi (Le Travailleur Arabe) était le premier magazine d’information mensuel de la section arabe de la Confédération des Syndicats Chrétiens. Fondé par le rédacteur en chef Nouri Lekhbir, il était toujours rédigé entièrement en arabe standard moderne. Publié depuis 1973 avec le soutien financier du mouvement syndical, il visait à informer, représenter et mobiliser les membres du syndicat. Le contenu traitait des thèmes classiques du syndicat tels que la lutte contre la pauvreté et pour la sécurité sociale, ainsi que des questions politiques du Moyen- Orient d’un point de vue panarabe. L’ACV-CSC a tenté à plusieurs reprises d’intervenir dans l’excès d’articles politiques mais a rencontré des difficultés en raison de l’utilisation de l’arabe. Le conflit s’est intensifié et a conduit à une importante réduction des financements en 1982, et à une forte baisse des adhésions. Lorsque Nouri Lekhbir a quitté l’ACV-CSC, le magazine a rapidement perdu de sa pertinence et a finalement cessé d’exister en 1989.