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Ahl El Hijra

Le collectif artistique Ahl El Hijra (Ceux de la Migration) était au cœur de l’action culturelle à Bruxelles dans les années soixante-dix. Les notions de justice et d’engagement social étaient profondément ancrées dans leur pratique dès le départ. Le collectif a commencé dans le sous-sol d’une maison, là où la lutte urbaine convergait contre le projet Manhattan à Schaerbeek. Après avoir rencontré Abdelmajid, un jeune étudiant marocain impliqué dans la lutte contre la gentrification mais également profondément immergé dans la scène musicale populaire et contestataire du Maghreb en plein essor, le groupe a découvert un nouveau répertoire. Ils ont écouté attentivement la musique et appris par cœur les paroles du Nass El Ghiwan pour les rendre leurs. En leurs propres termes : « Le group musical d’Ahl El Hijra rythme la percussion populaire, celle de gnaoua, jilala, aissaou, soussa,... Sa musique est puisée au racine de son peuple. Il a choisi de chanter en language populaire, celui des paysans, de la rue, des souks, des mendiants. Ses chansons parlent de la vie quotidienne de l’immigration et du pays. ». Lors d’une soirée culturelle organisée au Théâtre Poème, ils ont joué juste après la pièce de théâtre Andi Andek (donnant donnant) du RDM dirigée par Hamid Chakir, remettant en question l’état corrompu des affaires dans leur pays d’origine. Bien qu’ils aient rejoint la commission culturelle du RDM et co-organisé le festival Moussem et les célébrations du 1er mai, ils ont également continué à organiser indépendamment leurs activités culturelles et développé une série d’expositions, de  ciné-clubs, de musique et d’ateliers théâtraux. En 1982, ils ont immortalisé leur travail avec un disque vinyle auto-produit, distribué à mille exemplaires. La même année, pendant le mandat du bourgmetsre Roger Nols, ils ont rejoint la lutte contre le racisme à Schaerbeek, mettant en place l’exposition intitulée “Que se passe-t-il à Schaerbeek ?”, basée sur des documents politiques actuels et un argument critique résultant de recherches collectives, créant ainsi un véritable exutoire pour la colère inspirée par cette stigmatisation systématique, dénonçant le harcèlement policier et démantelant l’idéologie raciste de domination dans son ensemble.