Événements politiques
Révolte de Forest
Une série de révoltes ont eu lieu entre le 10 et 12 mai 1991 dans le quartier de Saint-Antoine à Forest, Bruxelles. Le 10 mai 1991, un jeune homme de 21 ans, Rachid Redouane, se fait interpeller par la police alors qu’il roulait à moto, pour cause de plaque d'immatriculation pliée. Au cours du contrôle, la police se montre autoritaire à l’égard du jeune homme. Assistant à la scène, des membres de la famille du jeune homme décident d'intervenir. Son père est mis au sol, et traîné par les policiers sur plusieurs mètres devant les yeux de sa sœur, qui subit alors elle aussi des maltraitances. À la suite de ces événements, une réaction en chaîne dans le quartier de Saint-Antoine provoque une mobilisation de plusieurs centaines de personnes, et des confrontations commencent entre ces groupes de jeunes et les forces de l’ordre. Des voitures sont vandalisées et des vitrines sont brisées. Les 11 et 12 mai, plusieurs rassemblements se poursuivent, causant de nombreux dégâts matériels et de blessés: des cocktails molotov et des pierres sont lancés dans les rues, et des cabines téléphoniques sont détruites. Le 12 mai, les forces de l'ordre embarquent plus de 100 personnes, des jeunes mais aussi des parents en direction des casernes d'Etterbeek. À la suite de cette intervention, le calme revint progressivement au bout de quelques jours.
Au moment de l'émeute, les contrôles d'identité au sein du quartier de Saint-Antoine sont perçus comme nombreux, abusifs et oppressants et créent une tension latente entre les jeunes et les forces de l’ordre. La population se sent humiliée par les contrôles policiers et ressent un racisme structurel dans les actions policières. Les communes de Molenbeek et Saint-Gilles avaient déjà été le théâtre d'affrontements du même type que celui qui aura lieu à Forest mais n’ont pas été autant médiatisés. Dès les années 1990, la méfiance des jeunes des quartiers envers les médias a commencé à naître notamment à cause des préjugés et du mépris qu’ils dégageaient tout en ne leur laissant pas la possibilité de s'exprimer sur les chaines de télévision. A la suite des émeutes de Forest, plusieurs dispositifs ont été mis en place dans le but d’aider et d'améliorer les conditions de vie dans les quartiers les plus précaires de Bruxelles. Certains avaient déjà été pensés avant l’incident de 1991 mais pour d’autres mesures les émeutes avaient été l’élément constitutif de leur mise en place, comme les contrats de sécurité et de prévention. D'autres ont vu le jour en réaction aux émeutes, comme les contrats de quartier et le Fonds d’impulsion à la politique des immigrés.